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Mandeo Singh Pathania - De fils d'un héros de guerre indien à professionnel de golf canadien

Par: Shelby Dechant 

 

La trajectoire toute tracée de Mandeo Singh aurait été de rejoindre l'armée indienne et de servir son pays comme l'a fait son père, un héros de guerre. Cependant, à peine âgé de 13 ans, Singh qui est né en Inde a décidé de prendre un virage à gauche plutôt qu'à droite, ce qui l'a conduit à une carrière de golf exceptionnelle. 

Le père de Mandeo, le colonel Ravi Pathania, a combattu pendant la guerre indo-pakistanaise de 1971. Le héros de guerre faisait partie de l'infanterie, combattant en première ligne dans des conditions de danger constant. En 1971, le colonel Ravi Pathania se trouvait sur le toit d'un char d'assaut lorsqu'une bombe a explosé à proximité. La famille de Singh a d'abord été informée que son père avait été tué. Cependant, le pire cauchemar de la famille Singh s'est transformé en miracle lorsque son père est réapparu bien vivant. La bombe lui avait arraché trois doigts de la main gauche, mais il a survécu. 

Pour une famille canadienne, une histoire comme celle-ci serait considérée comme un fait rare. Pour la famille, les amis et les voisins de Singh, cela faisait partie de la vie quotidienne. Ayant grandi dans une famille de militaires, Singh s'est habitué à entendre parler des pères de ses amis qui ne rentraient pas à la maison. De nombreux soldats de la guerre indo-pakistanaise de 1971 n'ont pas eu la même chance que le père de Singh. Bien que cela ait été traumatisant, Singh affirme que grandir dans cet environnement difficile n'a pu que l'aider à devenir un meilleur golfeur.

Singh a expliqué que se plaindre n'était pas une chose envisageable dans sa famille. Une mauvaise ronde n'était pas le genre de chose dont il inquiétait son père. « Nous avons grandi dans un environnement où, s'il y avait de la nourriture sur votre table, s'il y avait un toit sur votre tête et si on ne vous tirait pas dessus, tout allait bien », a complété Monsieur Singh.

La force mentale de Singh est évidente lorsque vous parlez avec lui. Il souligne que le golf ne se joue pas uniquement avec la force physique, mais bien que la force mentale est tout autant essentielle. Le fait de rester calme et confiant le distingue du joueur moyen. Le golfeur a exprimé que « mentalement, dans mon esprit, si je dois faire face à Rory McIlroy dans la ronde d’aujourd’hui, je ne me laisserai pas abattre pour autant ».

Selon Monsieur Singh, ce n'est pas une coïncidence si nous voyons de nombreux joueurs originaires d'Asie évoluer sur les circuits de la PGA et de la LPGA. Les pays où l'enrôlement dans l'armée est obligatoire cultivent un sens de la discipline très important au sein des familles. Singh observe que le comportement du public au Canada est doux et généreux, alors qu'en Inde, c'est bien souvent le contraire.

« Là où j'ai grandi, le climat était agressif. Le fait de grandir dans un environnement agressif m'a amené à développer le genre de mentalité dont on a besoin dans n'importe quel sport, cela m'a permis de bien contrôler mon esprit », a déclaré Singh. 

Singh a grandi aux quatre coins de l'Inde, déménageant tous les deux ans au gré de la carrière de son père. Partout où il est passé, il a pratiqué une activité sportive. Il a pris part à tous les sports qu'on lui proposait et il les pratiquait tous avec talent. Il a participé aux championnats nationaux de cricket, a établi des records en natation, en football, en tennis et en tir. Mais c'est lorsqu'il s'est mis au golf qu'il a compris qu'il pouvait faire carrière dans le sport.

Lorsque Singh était jeune, le golf en Inde était réservé à deux groupes de personnes, les gens très riches et les militaires. Mandeo Singh faisait partie de cette dernière catégorie. Avec de profondes racines britanniques, le golf était un sport de premier plan au sein de l'armée indienne. L'armée possédait les terrains sur lesquels Singh a commencé à jouer à l'âge de 12 ans et, à 13 ans, il avait déjà remporté tous les championnats de club. En 2005, Singh est devenu professionnel, rejoignant le Professional Golf Tour of India (PGTI) et remportant le prix de la recrue de l'année.

À cette époque, Singh s'est joint au célèbre club Jaypee Greens. C'est là qu'il a raffiné son jeu et perfectionné l'élan « grip it, and rip it » qui fait sa renommée aujourd'hui. Singh s'est fait un nom dans la communauté golfique asiatique. Il a rejoint l'Asian Tour en 2008 et a remporté son premier tournoi à Mumbai en 2010. Après avoir connu le succès sur son continent d'origine, il a jeté son dévolu sur l'Amérique du Nord.

Pendant des années, ce dur à cuire s'est rendu aux États-Unis pour y passer des séjours de trois mois à la fois. Il s'est entraîné sous la direction de grands noms comme Jim McLean et Bob Toski et s'est consacré à essayer de décrocher une place sur le PGA TOUR. Il l'a manqué de peu à plusieurs reprises et a décidé qu'il lui fallait un plan plus durable pour continuer à travailler dans l'industrie du golf. C'est alors qu'il a décidé de partager sa connaissance du jeu et est devenu entraîneur.

Dans une série d'événements qui lui ont été très favorables, le jeune golfeur a rencontré sa future épouse canadienne sur un terrain de golf. Une rencontre fortuite qui l'a mené vers le nord.

Singh est arrivé au Canada en avril 2015. Il se rappelle qu'il faisait froid, qu'il y avait du vent et que l'herbe ici était différente de celle de l'Inde. Mais ces conditions n'ont pas semblé le perturber outre mesure puisqu'il a remporté le tout premier tournoi qu'il a disputé en sol canadien.

De nos jours, Singh est membre de la PGA du Canada et professionnel au club de golf Glen Abbey à Oakville, en Ontario. Il est surpris d'avoir développé une telle passion pour l'entraînement. Il transmet à ses élèves la même philosophie qu'il s'est imposée à lui-même, à savoir « faire les choses simplement, mais avec sérieux ».

Singh a déclaré qu'il a connu une carrière très satisfaisante en tant que joueur, mais qu'il est maintenant heureux de pouvoir entraîner la prochaine génération de golfeurs au Canada.