« Vous n'êtes pas seuls. » Un professionnel de la PGA du Canada espère que son histoire en aidera d'autres.

« Vous n'êtes pas seuls. » Un professionnel de la PGA du Canada espère que son histoire en aidera d'autres.

Par: Adam Stanley 

En 2018, Dustin Wilson occupait un appartement loué dans un sous-sol lorsqu'il a pensé rendre son dernier souffle. Il a réussi à crier au secours et s'est réveillé deux jours plus tard.

Quelqu'un d'autre dans son immeuble l'avait entendu. Cette personne, un ambulancier, possédait un vaporisateur nasal Narcan et a pu réanimer Wilson, qui avait été victime d'une surdose de médicaments sur ordonnance.

Les ambulanciers sont arrivés pour emmener Wilson à l'hôpital et l'ont ranimé.

Wilson, membre de la PGA du Canada depuis 21 ans, est sobre depuis maintenant sept mois. Plus tôt cette année, il a passé 30 jours à GreenStone, un centre de rétablissement situé à Muskoka, pour se désintoxiquer. Il s'efforce chaque jour de vivre une vie meilleure, plus sobre et plus saine.

Par ailleurs, il existe des programmes, comme le Programme d'aide aux membres de la PGA du Canada et le Fonds de bienfaisance nouvellement créé, pour l'aider.

Il travaille à son rétablissement. Il veut aider les autres.

Wilson souhaite que ses collègues sachent qu'ils ne sont pas seuls.

« Je m'exprime en tant que personne en voie de guérison. Je ne parle pas en tant que personne qui s'est rétablie d'une dépendance », dit Wilson. « Quand vous êtes toxicomane en voie de guérison, vous pouvez connaître une ou deux bonnes années, ou même dix, mais vous risquez toujours qu’un élément déclencheur vous refasse retomber dans vos vieilles habitudes. Il y a des gars qui viennent aux réunions tous les jours depuis 30 ans parce qu'ils en ont besoin. Ils sont à un verre de l'ivresse et cela signifie qu'ils pourraient mourir. »

Wilson, qui est maintenant directeur de l'enseignement et entraîneur en chef de NWO Golf au Whitewater Golf Club de Thunder Bay, en Ontario, et qui travaille dans le domaine des ventes pour BioSteel dans la région, a connu un long parcours de toxicomane - il sera le premier à l'admettre. Ça n'a pas toujours été beau à voir. Ça ne l'est toujours pas. Mais il est prêt à être ouvert et honnête - avec lui-même, d'abord - et il veut que ses collègues professionnels de la PGA du Canada sachent qu'il existe des ressources pour les aider.

« Je suis toujours là », a dit Wilson. « J'ai arrêté plusieurs fois, mais j'ai fait des allers-retours (entre la sobriété et la dépendance) parce que j'ai essayé de sauver une relation ou de ne pas avoir de problèmes avec la loi ou, encore, pour ne pas faire damner ma mère. Il m'a fallu beaucoup de courage (pour devenir complètement sobre). »

En grandissant sur la scène sportive du nord-ouest de l'Ontario, Wilson était une star, purement et simplement. Il n'était pas le plus grand joueur de golf, mais il excellait au hockey. Sa mère l'a eu alors qu’elle n'avait que 19 ans. Son père est parti quand il était jeune. Wilson a grandi dans de modestes conditions. Quand il a débuté l'école, sa mère s'est remariée. Il l'a mal pris.

Il a pris son premier verre alors qu’il était en secondaire 2.

« Toute cette souffrance s'est envolée », a-t-il raconté. « Rien d'autre ne comptait. »

Au second cycle du secondaire, Wilson était ce grand athlète qui faisait partie de toutes les équipes. Vous voyez le genre. Chaque école en a un. C'était facile de réussir, il l'admet. Il ne s'est jamais poussé à être bon en quoi que ce soit, parce qu'il souffrait déjà de dépendance.

Quand il est arrivé dans les rangs du hockey AAA, il y avait la pression des parents, des entraîneurs et de ses coéquipiers qui s'ajoutait à tout ce qu'il vivait à la maison. Il buvait de plus en plus pendant les fins de semaine. Il n’avait que 16 ans. Sa mère s'était alors séparée de son beau-père et elle voyageait beaucoup dans le cadre de son travail. Les drogues comme la cocaïne et l'ecstasy sont arrivées très rapidement dans la vie de Wilson après l'obtention de son permis de conduire.

Il a commencé à manier un bâton de golf lorsqu'il était jeune - à quatre ou cinq ans, a-t-il précisé – mais il a abandonné ce sport pendant de nombreuses années. Il a continué à pratiquer le hockey au niveau compétitif, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus y jouer. Dans le hockey junior, dit-il, il a été échangé dans toutes les équipes possibles et imaginables.

« Parce que j'ai essayé d'être le gars cool et que je buvais », a-t-il expliqué.

Cette année-là, il n'a fait que courir les fêtes, boire et essayer d'oublier les traumatismes personnels qu'il subissait entre l'inconnu de ce que serait sa carrière de joueur de hockey – s'il en aurait une – et ce qui se passait à la maison.

Le golf est cependant revenu dans sa vie à l'âge de 17 ans, lorsqu'il a aperçu la trousse d’enseignement d'un programme de golf au Georgian College. Il s'y est inscrit et est devenu membre de la PGA du Canada, devenant ainsi l'un des plus jeunes professionnels du pays. Wilson est alors passé d’une extrême à l’autre, c’est-à-dire de ne pas jouer du tout à jouer tout le temps. Il a recommencé à aimer le jeu.

Il a terminé ses études et a décroché un emploi à Glen Abbey. Il a découvert l'effervescence de la culture du golf dans la région du Grand Toronto et en est tombé amoureux.

« Au bout du compte, je n'ai tout simplement pas échoué », a-t-il confié. « J'étais une personne très sociable avec des compétences interpersonnelles impressionnantes et l'industrie du golf correspondait parfaitement à ce que je faisais. »

Toutefois, il ne ressentait pas de joie véritable. Ses problèmes de dépendance étaient toujours présents. Il jouait et s'entraînait, mais il avait toujours une excuse pour boire après sa journée de travail. Cela faisait partie de la scène. Il consommait aussi de la drogue.

« J'étais au summum de la réussite, mais je ne vivais pas vraiment dans la réalité à ce moment-là », se rappelle-t-il. « Je ne partais de rien et je dépensais beaucoup plus d'argent en drogues et en alcool. J'ai rencontré mon ma future conjointe, nous sommes maintenant séparés, et nous avons eu un enfant tout de suite. Cela a tout changé pour moi. »

Le vent a commencé à tourner. Quand il était concentré sur son travail, quand il s'entraînait pour un tournoi ou quand le train-train quotidien était gérable à la maison, il se portait bien. Mais quand il est devenu vraiment très sérieux dans sa carrière golfique, il a remplacé une dépendance par une autre.

Wilson est retourné à Thunder Bay après être devenu père pour la deuxième fois et a profité de l’occasion pour reprendre le contrôle de sa santé. Il a été professionnel enseignant au Whitewater Golf Club pendant un certain nombre d'années. L'enseignement était son échappatoire. Cela lui procurait beaucoup de fierté et il était heureux de transmettre ses connaissances sur un sport dont il était à nouveau amoureux.

L’un de ses étudiants, Dustin Barr, a bouleversé sa vie.

Barr et Wilson étaient très proches. Wilson souligne qu'il a tout fait pour aider son étudiant. Malheureusement, Barr a reçu un diagnostic de cancer rare et a eu des tumeurs au bassin et au pancréas. Pendant les traitements de chimiothérapie de Barr, les démons de Wilson sont revenus le hanter. Il s'est alors séparé de sa compagne. Sa consommation d'alcool et de drogue est devenue très importante.

« Cela en dit long sur moi et sur ma vie », a-t-il avoué. « C’est aussi à ce moment-là que j'ai commencé à perdre les choses auxquelles je tenais dans la vie. »  

Il s'est détourné du monde du golf et est devenu vendeur de voitures.  Malheureusement, après avoir subi une opération au dos, il a développé une dépendance aux médicaments sur ordonnance. Ce fut un autre défi à relever et il n'a jamais voulu admettre qu'il avait des problèmes. Les gens autour de lui ont essayé de l'aider, bien sûr, mais il essayait toujours d'être à la hauteur de l'image publique qu'il s'était construite, celle d'un golfeur ultra cool provenant de la grande ville.

« Ce n'était pas du tout la réalité », a concédé Wilson. « J'avais toujours cet amour pour le jeu, la compréhension et je voulais être professeur pour aider les enfants. C'était mon rêve. Je ne l'ai jamais abandonné. »

Barr a fini par réaliser son rêve d’enfant avec la Fondation Make-A-Wish qui l'a amené à jouer sur de nombreux terrains emblématiques de l’industrie en Écosse, comme The Old Course, Turnberry et Muirfield. Après ce voyage, Barr a subi une opération de 24 heures à Toronto et, en 18 mois, il a réappris à marcher et à jouer au golf. Barr a obtenu une bourse d'études dans une école américaine, en Georgie, mais après sa deuxième année, il est retombé malade. Barr s’est éteint en mars 2020.

Le décès de Barr a entraîné un mélange de circonstances pour Wilson.

Il a créé un organisme de bienfaisance avec la famille Barr, dont il était devenu très proche, afin de recueillir des fonds pour les organismes de Thunder Bay et des environs qui ont soutenu le jeune Barr pendant son combat de sept ans contre le cancer. Ils en sont à leur troisième année d’existence et l’organisme s'apprête à recueillir plus de 150 000 $ d'ici la fin de l'été.

Toutefois, Wilson a souligné que la pandémie de COVID-19 a été une expérience terrible pour lui.

Il a été licencié de son emploi de vendeur de voitures et a commencé à boire de plus en plus. Il se droguait. Il prenait des médicaments sur ordonnance. Il avait une nouvelle conjointe, mais il était presque de retour à la case départ. L'alcool faisait partie de sa routine quotidienne, tout comme le café du matin pour beaucoup d'autres.  

Il conduisait ses enfants à l'école et se tapait une bière. Il les déposait et buvait sur le chemin du retour. Ensuite, il perdait conscience pendant quelques heures.

« J'allais tout perdre », se remémore Wilson. « J'avais besoin d'aide. »

Ce soutien, il l'a obtenu au centre de rétablissement de Muskoka, un endroit où il s'est présenté en janvier 2022.

« Pendant plus de la moitié de ma vie, j'ai vécu en consommant de l'alcool et des drogues. Malgré tout, j'ai réussi à faire des choses incroyables que la plupart des gens ne pourraient probablement pas accomplir. J'étais un alcoolique et un toxicomane actif. Mes talents étaient utilisés de manière manipulatrice », a-t-il dit. « Je faisais tout pour tout le monde alors que, de mon côté, j’abusais de drogues et d'alcool pour faire face à mes propres problèmes que je n'ai jamais réglés. »

Lorsque Wilson est sorti de son traitement de 30 jours, sa préoccupation principale était de savoir ce qui allait se passer ensuite. Il retournait à Thunder Bay, le théâtre de tous ses problèmes. Allait-il s'en sortir? 

Pendant plus de deux décennies, il a fait partie de la PGA du Canada et a remarqué que même si le programme d'aide aux membres existait, personne n'en parlait vraiment. Il s'est penché sur la question. Il a décidé de prendre les choses au jour le jour. Et le soutien dont il a besoin est arrivé au rendez-vous.

« Cela donne à nos membres une solution vers laquelle se tourner », a souligné le directeur général de la PGA du Canada, Kevin Thistle.

« Wilson est une personne bien réelle, originaire d'une petite ville, et qui n'a jamais rien eu en grandissant » a-t-il souligné. « Il a accompli beaucoup de choses, il a tout perdu et il s'est battu. En septembre prochain, il participera au Championnat des adjoints de la PGA du Canada présenté par Callaway Golf. Il n'a pas joué dans un omnium national depuis plus de 10 ans. Le golf fait partie de son plan de rétablissement, car il n’y a jamais œuvré en étant sobre. C'est accablant et c'est difficile, mais c'est aussi gratifiant », a-t-il ajouté.

Wilson répare ses erreurs. Il veut que sa vie soit remplie de joie et il veut aider les autres – qu'il s'agisse d'un jeune qui essaie de passer à la prochaine étape de sa vie de golfeur ou d'un collègue professionnel de la PGA du Canada qui n'a nulle part où aller ou vers qui se tourner.

« Je n'ai que 40 ans et j'ai encore, je l'espère, la moitié d'une vie à vivre. J'en ai déjà vécu la moitié de manière malsaine. Mon objectif est d'aider les autres, de donner en retour, d'être une ressource pour notre communauté et de dénoncer la stigmatisation », a-t-il ajouté en terminant. « Vous n'êtes pas seuls. »

-30-

Si vous êtes aux prises avec des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie, ou si vous avez besoin d'un soutien vers lequel vous tourner, apprenez-en davantage sur le programme d'aide aux membres de la PGA du Canada, disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, ainsi que sur le nouveau fonds de bienfaisance de la PGA du Canada. On peut joindre Dustin Wilson par courriel à dwilsonnwogolf@gmail.com.