Histoire

La huitième édition de l’Omnium canadien se terminait tout juste quand un groupe de golfeurs s’est réuni. Le groupe venait tout juste de disputer l’événement au club de golf Royal Ottawa, un tournoi remporté par Charles Murray, professionnel en titre au club de golf Royal Montreal, qui a devancé le petit Davie Black, populaire écossais de naissance, professionnel au Rivermead Golf Club, par deux coups. Seulement 24 golfeurs avaient participé au tournoi de deux jours, un problème auquel devait faire face les professionnels qui se réunissaient. Le golf était encore relativement nouveau dans ce pays – les clubs les plus anciens du Canada n’existant que depuis deux décennies – et le sport n’ayant pas encore attiré l’attention du public. La discussion d’alors n’était pas tellement différente de celle qui prévaut encore aujourd’hui en ce pays: comment mieux promouvoir ce sport, être plus impliqué et quel rôle les professionnels doivent-ils jouer dans le développement de cette activité.

Ce qu’ils ne savaient pas à ce moment-là, c’est que cette rencontre allait un jour être considérée comme la première de l’association canadienne des golfeurs professionnels.

Depuis longtemps, on a besoin d’une PGA au Canada - Journal de Toronto. 

Alors qu’ils s’installaient, quelques-uns des plus grands noms de ce sport pesèrent dans la balance. George Cumming, surnommé le “doyen des professionnels canadiens” qui était arrivé au Toronto Golf Club 11 ans plus tôt, parla de la promotion des intérêts communs des dirigeants de parcours de golf. Ce n’est pas surprenant que Cumming ait assumé un rôle prédominant dans cette rencontre – pour plusieurs, il est le père du golf professionnel au Canada puisqu’un grand nombre des principaux professionnels du pays de la première demie du 20e siècle ont travaillé dans sa boutique à un moment ou à un autre. “[Cumming] s’est rapidement taillé une place comme celle qu’occupait feu Tom Morris dans le vieux pays,” écrit le vainqueur de l’Omnium canadien Karl Keffer à propos de son ancien patron. “C’est-à-dire le père de tous.”

Percy Barrett de Lambton, anglais de naissance et protégé du fameux Harry Vardon, a également donné son opinion sur les problèmes clés auxquels devaient faire face les professionnels de golf, tout comme le firent tout naturellement Charles Murray, vainqueur de l’Omnium canadien et son frère Albert.

“Il y a longtemps que nous avons besoin d’une PGA au Canada,” écrivait un journal de Toronto à ce moment-là, ajoutant que cette organisation contribuerait à l’avancement du sport du golf au Canada.”

Alors qu’un aura de mystère entoure cette première rencontre – le nombre exact de membres fondateurs est imprécis et aucun procèsverbal de cette rencontre du Royal Ottawa n’existe – il n’y a aucun doute sur l’effet que l’ACGP a eu au cours des 100 années suivantes. De nos jours, l’organisation est considérée comme la deuxième plus ancienne PGA. Sans surprise, considérant que plusieurs professionnels canadiens ont des liens avec l’Angleterre et l’Écosse, ils sont le reflet des organisations de golf de ce pays. Bien que l’Association canadienne des golfeurs professionnels (les premières références parlent souvent au possessif) n’ait été fondée qu’une décennie après sa contrepartie britannique, elle l’a été au moins cinq ans avant la PGA américaine.

Les fondateurs de l’ACGP étaient spécifiquement intéressés à offrir plus de golf de compétition pour les professionnels canadiens à une époque où l’Omnium canadien ne pouvait être disputé que par un petit groupe, souvent moins de deux douzaines de golfeurs. Présenter des championnats représentait un défi quand, par exemple, seulement 19 professionnels canadiens participaient à l’Omnium canadien 1912. Toutefois, ces professionnels ayant des origines écossaises et anglaises savaient qu’une liste intéressante de tournoi les garderait en forme et susciterait l’intérêt du public pour ce sport.

Malgré cela, les bases de l’organisation, à l’exception de quelques comptes-rendus limités par Black et Keffer sont vagues et secrètes. Le procès-verbal de la rencontre initiale – s’il a jamais existé – est perdu depuis longtemps et, à l’exception de quelques lettres des membres fondateurs expliquant l’objet de l’organisation et de quelques comptes rendus écrits dans le magazine Canadian Golfer, il y a peu de documentation sur les premiers jours de l’ACGP. L’histoire du club de golf Royal Ottawa, par exemple, ne fait aucune référence au fait que la deuxième plus ancienne PGA fut formée en son sein.

“Je ne crois pas que ces golfeurs réalisaient qu’ils créaient une organisation qui durerait cent ans,” commente Jim Barclay, historien de golf reconnu et membre du Temple de la renommée du golf canadien.

“ Ce n’est pas comme s’ils avaient décidé que l’organisation serait impliquée dans plusieurs activités diverses. Ce n’était que quelques professionnels . . . se réunissant et tentant de trouver un moyen d’avoir plus de cométitions.”

Cette remarque est soutenue par les commentaires tenus par Charles Murray alors qu’il participait à l’Omnium des États-Unis en 1913 au club de golf Brookline, un tournoi rendu mémorable par la victoire inattendue de Francis Ouimet. “Mon opinion est que, nous professionnels canadiens, n’avons pas suffisamment de compétition,” écrivait-il dans un journal en parlant de sa participation. “Nous avons seulement deux vrais tournois par année au Canada, celui de notre propre Association et l’Omnium canadien.”

Malgré le manque d’opportunités de compétition, les golfeurs qui formaient l’association canadienne des professionnels de golf avaient des objectifs spécifiques en tête. Dans une lettre adressée en 1915 au tout nouveau magazine Canadian Golfer, Keffer mentionnait les ambitions de l’organisation, incluant “la promotion de l’intérêt pour le golf,” ainsi que l’assistance aux autres professionnels pour l’obtention d’un emploi chaque fois que c’était possible. Il ajoutait également qu’il y avait un désir de “protéger les intérêts mutuels de nos membres.”

Lors de la réunion initiale, P.D. Ross, ancien président du Royal Ottawa, a offert l’argent nécessaire pour l’achat d’un trophée pour le
championnat de l’ACGP.

“Nous avons élu P.D. Ross président et il a immédiatement signé un chèque de $100 pour acheter un trophée soulignant la compétition à chaque année,” a écrit Black dans une lettre adressée en 1967 à l’auteur d’un livre traitant du premier siècle de sport au Canada. Selon Black, un orfèvre a alors offert de créer le trophée et a ajouté un autre100$ d’argent.

“Nous avions un trophée dont nous étions très fiers,” ajoutait Black. Sincèrement, Black suggère que Ross a tenu un rôle honoraire dans l’organisation. Cumming fut le premier capitaine de l’ACGP, équivalent du poste moderne de président, même si ce mandat ne fut pas utilisé pour deux autres décennies.

Il est intéressant de noter qu’après avoir remporté le championnat de l’ACGP à trois reprises au cours des quatre années de l’après-guerre, Ross a présenté à Black une réplique du trophée original. À un certain moment, l’original est disparu.

“Alors que j’étais à Toronto pour le 50e anniversaire [de l’ACGP] j’ai posé des questions concernant la coupe originale mais personne ne semblait au courant de quoi que ce soit,” écrivait Black. “Je croyais qu’elle pouvait être remise en état et utilisée pour quelques compétitions juniors.”

L’ACGP s’est développée après la fin de la guerre alors que ses membres revenaient d’outre-mer et que le championnat de
l’ACGP était à nouveau tenu annuellement. Canadian Golfer commentait qu’à compter de 1924, l’organisation était solide. “Les affaires de l’association ont été habilement menées autant sur le plan du jeu que sur le plan financier,” notait l’éditeur du magazine Ralph Reville. “Il en résulte que l’ACGP est maintenant en excellente condition, avec un passé enviable et un avenir plein de promesses.”

La seule bataille à laquelle l’organisation a dû faire face dans sa croissance est géographique; Canadian Golfer note que certains professionnels, particulièrement de l’Ouest canadien, ne pouvaient se permettre le long voyage pour participer au championnat de l’ACGP ou à l’Omnium canadien, un défi auquel l’organisation s’attaquait.

De 35 (membres) en 1911 à plus de 500 aujourd’hui – l’ACGP vient de loin - Davie Black

En revenant sur la formation de l’ACGP, Black faisait part de son étonnement par rapport au chemin parcouru par l’organisation depuis ses humbles origines. Dans un post-scriptum à sa lettre, Black mentionnait, “De 35 en 1911 à plus de 500 aujourd’hui – l’ACGP vient de très loin.”

En effet – et il y a encore un long chemin à parcourir.